lundi 12 juillet 2010

Nouvelles du pont Champlain

Bonjour à vous ! Voici un message que j'ai envoyé à la liste de distribution Ornitho-Qc, en réponse au questionnement qu'a suscité l'opération de sauvetage des fauconneaux du pont Champlain et mon appel à l'aide. On se questionnait sur l'intervention humaine sur ces faucons - émetteur, baguage, installation de boite de nidification etc.

On pourrait débattre longtemps de l'intervention humaine ou non avec les oiseaux et autres animaux, mais voici en quelques lignes mon opinion avec les faucons pèlerins. Sans la réintroduction de cette espèce, autrefois disparue à cause du DDT (pesticides utilisés par nous les humains), nous n'aurions plus aucun faucon pèlerin dans l'est de l'Amérique du Nord. Il serait difficile d'argumenter contre la validité de cette "intervention humaine" - tout à fait justifiée !
Maintenant, pour l'émetteur satellite que la femelle portait il s'agit d'une étude faite par le MRNF en vue d'un projet d'éoliennes. Selon moi il est mieux d'étudier les déplacements des oiseaux maintenant que de constater qu'on leur a fait du tort une fois le projet complété. Voici le site si vous voulez en savoir plus :
http://www.mrnf.gouv.qc.ca/faune/habitats-fauniques/etudes-recherches/oiseaux-eoliens.jsp

Ensuite, le baguage constitue d'après moi une bonne façon de garder un oeil sur la population et de s'assurer que cette espèce considérée comme vulnérable continue de bien se porter au Québec. Pour ce qui est de la boite de nidification, et bien si on ne met pas de boite, les faucons nichent où ils peuvent sous les ponts, souvent à des endroits inappropriés, au dessus de l'eau, c'est naturel de leur fournir un endroit sécuritaire où nicher. Il ne faut pas oublier que l'homme a détruit bon nombre de ses sites de nidification naturels de toute façon.

Depuis quelques années maintenant que je suis les nidifications un peu partout au Canada et aux États-Unis. Ce que je remarque, c'est que dans pratiquement tous les sites urbains (ponts et édifices), le succès de nidification est directement dépendant de la bonne volonté humaine. Ce que je veux dire, c'est qu'il doit y avoir pour chaque endroit un "gardien" des faucons, comme je fais à l'Université de Montréal. Une personne qui s'assure que les faucons ne sont pas dérangés et que les jeunes qui sont au sol lors de premiers vols sont placés en sécurité, loin des voitures et dangers causés par les humains. (On a qu'à se rappeler notre petit Horus qui est entré dans une classe cette année !! :-) Je pense que cet incident à lui seul démontre la pertinence de la surveillance...)
Alors, à partir du moment où on fait un suivi et on participe à leur succès, les sentiments humains nous poussent à vouloir les aider à tout prix, comme on le ferait pour nos proches. C'est là qu'on doit faire une distinction entre les échecs normaux de nidification, où on laisse les choses aller, et les situations où on aide les faucons et on apporte des soins. Selon moi la ligne est dictée entre autre par la situation de l'espèce au Québec qui est plutôt bonne, et les experts ont donc tendance à laisser la nature aller, je suis tout à fait d'accord avec cette ligne de pensée.
J'en aurais encore long à dire sur le sujet, mais revenons au cas qui nous concerne.

Quand il a été constaté que la femelle était manquante (selon sa dernière localisation, je crois qu'une collision avec une voiture est très probable comme cause de son décès), il était devenu évident que les quatre petits ne survivraient pas. Par contre, si le mâle avait élevé seul deux fauconneaux, je crois qu'on aurait pu dire que c'était un succès. Maintenant, ce n'était malheureusement pas le cas. Selon nos observations depuis jeudi au baguage, les petits n'ont pas été nourris par leur père, et c'est là qu'une décision a été prise d'intervenir, en accord avec les gens du MRNF, de Québec Oiseaux, et de Services Environnementaux Faucons, selon la charte qui permet de secourir des jeunes orphelins. Impossible de faire bouger les choses lors du week-end, alors les fauconneaux ont été récupérés ce matin, et je les ai moi-même conduits à la clinique des oiseaux de proie (UQROP). Comme je craignais, deux d'entre eux étaient décédés, et un autre est mort pendant son transport. La survivante a été soignée à son arrivée, elle était très faible mais les chances sont bonnes de la sauver.

Alors voilà, merci à ceux qui m'ont donné des nouvelles et qui ont à coeur comme moi le succès de cette espèce fabuleuse !

5 commentaires:

  1. Merci Eve pour le "billet".


    Ça représente "pas mal" ce que je pense de ce sujet. La modération a bien meilleur gout ;-)

    Merci de ton dévouement.

    La terre est bien petite et elle existera longtemps... même sans nous!


    A +

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  2. Salut Eve. Je suis d'accord avec toi et surtout cette année. On en a perdu pas mal partout. Ce qui me turlupine c'est pourquoi les experts se sont-ils décider si tard alors que ça pressait. On y va vite ou on n'y va pas. Encore 3 de perdus. Il ne faut pas oublier que les sites de nidifications offerts par l'homme sont dans des milieux urbains ce qui n'est pas l'habitat naturel du faucon. Alors on les aide à fonder une famille et bien qu'on le fasse jusqu'au bout.

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  3. Allo Nicole ! Malheureusement ça a mal tombé car c'était le week-end... de mon côté je voulais faire quelque chose samedi mais c'était impossible car personne ne travaillait :-(

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  4. Bon travail de ta part, la mère faucon. Ça dut te fendre le coeur. Tu en auras au moins sauvé une peut-être.

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  5. Bravo Eve ! C'est du bon travail ça ! Il faut continuer. Espérons que la petite dernière va s'en sortir.

    Colette de France

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